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Extinction rébellion : Ne plus attendre pour agir

L’urgence d’agir pour ralentir la propagation du coronavirus a dès le départ résonné avec une autre urgence, souvent bien moins prise au sérieux : l’urgence climatique. En effet, la crise du coronavirus n’est-elle pas juste un avant-goût de ce que la crise climatique pourrait provoquer du fait de l’effondrement de la biodiversité et du dérèglement climatique ? Extinction Rébellion réunit des personnes qui, ressentant cette urgence, ne veulent plus attendre pour agir. Témoignage.


Un soir de novembre, juste au-dessus de la gare Cornavin, à Genève. Il pleut, mais il faut quand même sortir le plan : où se trouve cette salle ? Ah, une autre personne, capuchon rabattu, le nez sur son portable… – « Est-ce que par hasard, vous cherchez la réunion XR ? » – « Oui, exactement. » Ensemble, nous parvenons à trouver le lieu de la réunion, un local donnant sur une sorte de terrain vague, sa couleur d’origine disparaît sous les tags. Deux jeunes discutent à l’entrée : « Bienvenue, oui, c’est bien la réunion XR ! ».

Dans un coin, un bar. Quelqu’un prévient : il faudra quitter la salle à 20 heures, car il y a une répétition de concert rock. Pour s’asseoir, il n’y a que quelques bancs et trois chaises. Qu’à cela ne tienne, nous nous asseyons par terre, sur la vielle moquette. Il ne fait pas chaud, je garde manteau et écharpe. L’accueil, par contre, est très chaleureux. Il s’agit d’une réunion un peu informelle pour se rencontrer ; certains vont raconter les actions de blocage auxquelles ils ont participé à Paris. Celui qui conduit la réunion ce soir prend la parole. Dans le mouvement XR, il n’y a pas de « leader » attitré, on est très attentif à ce qu’il n’y ait pas de prise de pouvoir : les réunions sont dirigées à tour de rôle. L’animateur propose d’ouvrir la soirée en se présentant chacun, en ajoutant ce que représente pour nous XR.

Une jeune étudiante : « Pour moi XR, c’est un groupe d’amis… Dans mon milieu, quand je parle de mon angoisse par rapport à l’avenir, on n’écoute pas, on dirait que je suis la seule à avoir conscience de l’état du monde, je me sens isolée. Ici, je me retrouve avec d’autres qui pensent aussi qu’on doit absolument se bouger, avant qu’il ne soit trop tard ». Un autre prend la parole : « XR, ce sont mes potes de fin du monde… Ceux avec lesquels nous traverserons ensemble le chaos… ». Une personne d’âge mûr : « Cela fait maintenant tente ans que je suis engagé dans les mouvements écologistes et malgré tout ce qui a été fait, la situation empire. Je ne peux pas rester sans rien faire, je veux m’engager dans des actions qui font vraiment bouger… Les valeurs d’XR correspondent aux miennes : non-violence, horizontalité, bienveillance ; ce ne sont pas les personnes que l’on blâme, mais les actes destructeurs ; on ne fait pas que dénoncer, mais il y a aussi la volonté de mettre en place des initiatives porteuses d’avenir. Quand j’ai pris connaissance de ces valeurs d’XR, j’ai eu envie de m’y lier. ».

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Dès les premières réunions, il faut apprendre à s’orienter dans le dédale des outils informatiques, se choisir un pseudo, ouvrir une boîte mail cryptée. Chacun est invité à faire partie d’un groupe de travail : juridique, communication, stratégie, art, « culture régénératrice », etc. On peut s’informer auprès du groupe juridique, pour savoir quels sont les risques que l’on prend si on se fait arrêter par la police lors d’une action. Peu à peu, les nouveaux venus apprennent à connaître d’autres membres, en constituant des « duos » et des « groupes d’affinité ». Une chose devient rapidement évidente : il ne se passera quelque chose que si je me bouge. Et si je parviens à me mettre d’accord avec d’autres pour coordonner des actions, de manière à ce qu’elles soient les plus efficaces possible. Se « bouger », cela veut aussi dire : être prêt à perdre quelque chose, en d’autre termes, être prêt à sacrifier quelque chose.

Extinction rébellion est l’un des multiples mouvements pour le climat. Son nom et son sigle (un sablier) parlent d’eux-mêmes : il y a urgence, le temps est compté ! Il faut des changements radicaux, si nous voulons que la vie sur terre soit encore possible dans une génération. Pour certains, la bataille est déjà perdue : se lier à ce mouvement est presque un geste de désespoir, une possibilité pour créer des liens et essayer d’agir quand même… Dire que l’on lutte « pour le climat », actuellement, c’est la pointe de l’iceberg. Ces jeunes et moins jeunes remettent en question le système capitaliste qui, au profit de quelques privilégiés, broie toute vie sur son passage.

XR Genève
Image de l’action de XR Genève à la gare Cornavin, Genève, 2019

Depuis le confinement dû au coronavirus, comme partout, les réunions et manifestations sont en suspens. Peut-on cependant espérer que ce virus aidera à la prise de conscience de l’urgence écologique et sociale actuelle ? En effet, cette crise, dont l’origine remonte au rapport entre l’homme et l’animal, nous rappelle à quel point la possibilité de notre société humaine est dépendante d’un rapport sain aux animaux et à la nature en général. Elle nous rappelle également la fragilité de nos structures sociales actuelles et la nécessité de renforcer l’économie locale en harmonie avec la nature. La cause d’Extinction rébellion sera-t-elle ainsi mieux comprise par le plus grand nombre au sortir de cette crise ? L’avenir le dira.


Illustrations tirées de la page Facebook de XR Genève

EXTINCTION RÉBELLION est un mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique dont les buts sont :

1. Que le gouvernement dise la vérité sur le caractère mortel de notre situation. Qu’il inverse toutes les politiques qui ne sont pas conformes à cette position et travaille de concert avec les médias pour communiquer l’urgence du changement, y compris les personnes et les collectivités qui ont besoin d’aide.
2. Les émissions de gaz à effet de serre de tous les secteurs doivent être réduites à zéro d’ici 2025 et la tendance écocide doit être inversée par une mobilisation d’urgence massive et une transition juste, à l’échelle de la Seconde Guerre mondiale. Les nouveaux objectifs de la société doivent être de restaurer rapidement un climat plus sûr et plus frais et une protection maximale de toutes les personnes et de toutes les espèces, surtout les plus vulnérables.
3. Que des assemblées régionales, nationales et internationales fondées sur des formes plus robustes de démocratie participative soient créées pour déterminer comment les deux objectifs ci-dessus seront réalisés dans leurs contextes particuliers, en accordant la priorité aux besoins des personnes les plus affectées par la crise écologique et que la Déclaration universelle des droits de l’homme soit suivie.

Bruxelloise de naissance, études de sociologie et théologie, prêtre de la Communauté des Chrétiens depuis 2003, à Colmar, actuellement Genève et Lausanne.

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