Dans le monde futur, tout est comme dans le monde d'autrefois – et pourtant tout est complètement différent.1 

Qu'est-ce qui serait différent si l'anthroposophie jouissait d'un plus grand rayonnement ? Qu'est-ce qui changerait si elle n'était pas connue uniquement par ses applications pratiques, comme les écoles Steiner, mais que ses principaux messages étaient entendus et qu'elle devenait, comme l'espérait Rudolf Steiner il y a cent ans, un « facteur culturel » ?

Le changement serait probablement plutôt discret, quelque chose de presque imperceptible, difficile à définir et à conceptualiser. En effet, ce n'est pas comme si l'anthroposophie lançait, pour ainsi dire, à la civilisation moderne : « Tout est faux, tout doit changer » ! Elle conçoit au contraire l'évolution de l'humanité comme devant, pour l'essentiel, aller dans la direction déjà prise. Elle considère que le profil austère et matérialiste de notre époque a son sens et son importance. Elle ajoute seulement qu'un autre pas, un pas d'ouverture, est maintenant nécessaire et que c'est à cela qu’elle veut contribuer.

En d'autres termes, l'anthroposophie ne montre pas un autre monde que le monde habituel. Elle montre plutôt ce monde sous un éclairage neuf, sous une autre lumière également, de sorte qu’apparaissent des aspects guère visibles jusqu'alors. Elle révèle les choses sous de nouvelles perspectives qui dévoilent des aspects jusqu'alors cachés. Vu sous cet angle, on pourrait toutefois parler d'un profond changement de paradigme de nature à tout transformer. Rudolf Steiner a dit un jour que « l'anthroposophie vous apprend à regarder chaque plante et chaque pierre avec un regard différent de celui que vous portiez auparavant sur la plante ou la pierre »2.

Plutôt qu’un contenu didactique, un « élixir de vie »

C'est sans doute ce que ressentent les personnes qui vivent avec l'anthroposophie : les choses prennent une autre coloration, le monde se présente à elles d'une manière plus riche et plus intéressante, difficile à décrire. On n'oublie nullement ce que l'on pensait et savait auparavant, mais, avec le recul, tout cela peut paraître un peu étriqué, un peu pauvre, et l'on n'a pas envie de revenir en arrière. Non parce que l'on disposerait à présent de nouvelles connaissances imposantes, de grandioses vérités sur ce monde et les mondes supérieurs, mais parce que l'on se positionne en quelque sorte différemment dans le monde, que l'on est, d'une certaine manière, plus jeune, plus curieux. C'est du moins en ce sens que Steiner voulait que l'anthroposophie fût comprise : non comme un système ou un « contenu didactique », mais comme une impulsion de développement, non comme quelque chose de fini, mais comme le germe de quelque chose de neuf.

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