L’article de Jean-Baptiste Malet paru dans le Monde diplomatique de juillet intitulé « L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme »1 a cherché à rapprocher l’anthroposophie des idées d’extrême droite et la présenter comme une superstition sans base philosophique ni résultats scientifiques mesurables. L’auteur a écrit un article uniquement à charge, omettant les faits vérifiables les plus importants. Un second article du même auteur paru ensuite en août sur Pierre Rabhi dans le même journal a aussi employé un ton plus que caricatural en essayant de le faire passer pour une sorte de charlatan de droite2. La caricature a ses droits: elle permet de rire un peu et de se détendre, mais la réalité a aussi ses droits et il faut parfois les faire valoir. Je ne souhaite pas entrer dans une polémique ni attaquer Jean-Baptiste, que j’ai eu l’occasion de rencontrer, mais il me tient à cœur d’informer les lecteurs par des faits qui permettent de se former un jugement objectif sur l’anthroposophie. L’article de Uwe Werner, Transparence de l’anthroposophie, a déjà apporté des éléments historiques importants. Nous voulons ici traiter d’autres aspects. 

Une caricature mal fondée

Rappelons d’abord que les sympathisants de l’anthroposophie ne forment pas un bloc homogène, ni dans leurs idées, ni dans leurs projets. L’anthroposophie s’enracine dans un individualisme philosophique qui favorise la diversité. Avec sa Philosophie de la liberté 3), Rudolf Steiner se reconnaissait ouvertement dans les conceptions de Max Stirner, un des pères de l’anarchisme.4 Bien comprise, l’anthroposophie ne conduit ni au sectarisme ou ni au dogmatisme. Il est vrai qu’elle se présente sous la forme d’une pensée complexe, pour reprendre le concept d’Edgar Morin, et qu’elle peut être mal comprise. Si l’on ne parvient pas à la comprendre, on risque de tomber dans des caricatures de toutes sortes. Il est par exemple amusant de la voir décrite comme une multinationale assoiffée de profit quand on connaît la réalité du terrain et les difficultés financières que rencontrent bien souvent les projets idéalistes inspirés par elle.

Goetheanum, escalier ouest, avec exposition d’oeuvres de Hannes Weigert.

L’anthroposophie a-t-elle un lien de parenté quelconque avec le nazisme, comme le sous-entend l’article du Monde diplomatique? Voilà comment Adolf Hitler décrivait Steiner dans un article du Völkischer Beobachter en 1921 : « [Le] gnostique et anthroposophe Rudolf Steiner [est] adepte de la triarticulation de l’organisme social et d’autres méthodes juives destinées à ruiner l’état intellectuel des peuples. […] Et qui trouve-t-on comme moteur derrière toutes ces diableries ? Le Juif ! Ami du Dr Rudolf Steiner.»5 Et cela n’est pas resté lettre morte, car la Société anthroposophique a été interdite sous le 3e Reich en 1935. Selon la Gestapo, elle est «orientée vers l’international et entretient encore aujourd’hui des relations étroites avec des francs-maçons d’autres pays, des Juifs et des pacifistes ». Et ce document de novembre 1935, entérinant l’interdiction de l’anthroposophie, poursuit ainsi : «La pédagogie fondée par Steiner et les méthodes d’enseignement actuellement utilisées dans les établissements anthroposophiques encore existants suivent une éducation individualiste, orientée vers l’être humain singulier, qui n’a rien de commun avec les bases éducatives du national-socialisme. En raison des oppositions entre la vision du monde de la Société anthroposophique et les pensées national-socialistes sur les peuples, il y avait un danger que la poursuite des activités de la Société anthroposophique nuise aux préoccupations de l’État national-socialiste. L’organisation doit en conséquence être dissoute, car elle est ennemie de l’État et le met en danger.»6 La secrétaire de Steiner rapporte qu’il s’est de son vivant exprimé au sujet des cercles nazis en affirmant que s’ils arrivaient au pouvoir, il ne pourrait plus mettre le pied en Allemagne.7 Il existe aussi des témoignages relatant les agressions de groupes nationalistes allemands dont Steiner fut la cible.8

La question d’un supposé racisme dans l’anthroposophie a souvent été traitée. Steiner s’est exprimé clairement : « Un homme qui parle aujourd’hui de l’idéal racial, de l’idéal national, parle au nom d’impulsions de décadence. Et s’il croit, en parlant ainsi, proposer à l’humanité des idées qui servent le progrès, il s’abuse. Rien ne fera glisser l’humanité davantage sur la pente de la décadence que la diffusion d’idéaux fondés sur la race, sur le peuple, sur le sang. »9 Il a été montré que les passages, peu nombreux, tirés de ses milliers de conférences retranscrites et non corrigées par lui, où il aurait apparemment tenu des propos condamnables sur ce sujet, ne peuvent être considérés comme l’expression de sa pensée. Le rapport de 720 pages, fruit de quatre années d’étude, remis en avril 2000 par la commission d’enquête néerlandaise conduite par l’avocat Ted A. van Baarda, « L’Anthroposophie et la question des races » a conclu de manière formelle que ni Steiner ni son œuvre ne pouvaient être considérés comme racistes.10 Et sur le plan pratique, le caractère international, multiculturel, humaniste et philanthropique des projets anthroposophiques présents aujourd’hui sur tous les continents, de l’Amérique latine à la Chine, de la Norvège à l’Afrique du Sud, de l’Egypte à la Russie, en passant par Israël et jusque dans les réserves amérindiennes aux États-Unis, en est aussi une preuve éclatante.

Comme d’autres le font aussi, l’article du Monde diplomatique met en doute les effets de l’agriculture biodynamique ou de la médecine anthroposophique en affirmant qu’aucun effet significatif n’a pu être scientifiquement établi. Contrairement à ces idées reçues, la biodynamie et surtout la médecine anthroposophique ont précisément fait et continuent à faire l’objet d’une abondante recherche scientifique et les résultats montrent l’efficacité de certaines de leurs méthodes. Il s’agit d’être factuel. Bien que l’anthroposophie en tant que science de l’esprit ne puisse être en soi confirmée ou infirmée par les méthodes des sciences dites « dures », car elle fait partie des sciences humaines et requiert d’autres méthodes, des études standardisées sont continuellement réalisées pour analyser les effets mesurables de ses applications pratiques. Nous présenterons plus loin certains de ces résultats scientifiques.

Un débat scientifico-philosophique

Est-il légitime, aujourd’hui, de vouloir dépasser une vision exclusivement réductionniste du monde ? Est-il légitime de chercher à intégrer aussi le vivant et la spiritualité dans une forme de scientificité ? Ce ne furent pas seulement les questions d’un Goethe ou d’un Steiner, mais aussi de nombreux esprits éminents jusqu’à aujourd’hui. La question d’un nouveau lien entre l’humain et la nature émerge inéluctablement de la question écologique, de la question sociale et des nombreuses crises de notre civilisation. N’est-il pas nécessaire de commencer à interroger réellement la relation entre le « même » et l’« autre » dans la connaissance, de sortir des schémas mécanistes et d’ouvrir une place à l’altérité dans la science, de passer de la quantité à la qualité, de repenser l’équilibre entre la conscience et le rêve, le laboratoire et la vie… ? La vie, dans sa réalité immédiate, implique naturellement de nombreuses formes d’ésotérisme, une dimension inaccessible à la science des faits extérieurs. Bien sûr, les sciences dures ne doivent pas renoncer à leurs exigences. Mais elles ne peuvent pas non plus renoncer à se remettre parfois en question, pour leur propre évolution. Chercher à réconcilier la profondeur spirituelle, la part mystérieuse de la vie, avec la liberté de l’esprit critique, la lumière de la raison, ce fut toujours l’aspiration des grands esprits. D’ailleurs, selon Peter Sloterdijk, incontournable philosophe outre-Rhin : « On n’est plus vraiment enclin aujourd’hui à voir en Steiner un gourou, mais plutôt un génie tout à fait normal. »11

Il est tout à l’honneur de Jean-Baptiste Malet de vouloir défendre la rationalité, mais l’anthroposophie est aussi fondée sur la rationalité, la modernité et la pensée critique. La méthode anthroposophique est entièrement issue de l’esprit des Lumières, bien qu’elle accueille aussi des impulsions plus romantiques, au sens historique du terme, et prenne au sérieux un héritage spirituel plus large. L’anthroposophie est justement une entreprise de réconciliation épistémologique. Il est vrai qu’une étude trop rapide ne suffit pas à s’en rendre compte et pourrait donner l’impression d’un amas d’aberrations. Il en va de même pour un novice ouvrant un livre de physique quantique : une démarche sérieuse ne peut pas toujours être comprise rapidement, elle nécessite des années d’approfondissement. Nous reviendrons sur le problème spécifique de la scientificité de l’anthroposophie à la fin de l’article, après avoir d’abord présenté une série de résultats obtenus par des méthodes de recherche scientifique standard.

Effets mesurables dans l’agriculture

La première ferme ayant cherché à mettre en œuvre et à vérifier les indications données par Rudolf Steiner dans ses conférences au sujet de l’agriculture12 était dès le départ considérée comme une ferme expérimentale. À cette époque, il ne s’agissait pas encore de réaliser des études répondant aux critères de la recherche universitaire, mais de faire des essais concrets que les agriculteurs impliqués pouvaient évaluer avec leurs propres moyens. Depuis, nombre d’études scientifiques ont été réalisées et ont mesuré des effets significatifs.

Dans le chapitre consacré à l’agriculture biodynamique du livre sur l’agriculture biologique publié en allemand par Bernhard Freyer13, le chercheur Jürgen Fritz de l’Université de Kassel rassemble toutes les études disponibles réalisées sur la méthode d’agriculture biodynamique. Nous présentons ici certaines d’entre elles, qui s’intéressent aux effets des préparations utilisées en biodynamie, les « préparations biodynamiques ». Ce sont ces préparations, utilisant parfois les fameuses « cornes de vache et vessies de cerf », qui paraissent au premier abord étranges et incompréhensibles. Cependant, ces préparations produisent des effets mesurables.

Goetheanum, cage d’escalier sud

Les résultats de l’essai de longue durée dit « DOC », comparant les agricultures biodynamique, biologique et conventionnelle, réalisé en Suisse par l’Institut de recherche en agriculture biologique FiBL et publiés par la revue scientifique de référence Science 14 ont montré une influence positive des préparations biodynamiques sur le carbone organique dans des fumiers décomposés. Dans une autre étude, étalée sur neuf ans, dont les résultats ont été publiés par l’Institute of Organic Agriculture de l’Université de Bonn, un taux de décomposition accéléré  a été mesuré.15 Une autre étude, publiée dans le journal international Biological Agriculture & Horticulturea a montré que les fumiers traités avec des préparations biodynamiques présentent toujours des teneurs en protéines ou en acides aminés hydrolysables plus élevées.16 Les résultats d’une autre étude, publiée dans l’International Journal of Seed Spices, montrent que les préparations appelées « bouse de corne » et « silice de corne » ont augmenté le rendement en graines de cumin de plus de 12 %.17 Lors d’une étude publiée dans le Philippine Journal of Crop Science, le rendement de deux variétés de soja a été augmenté de plus de 30 %.18 Une autre étude publiée dans le même journal montre que l’application de préparations biodynamiques pour deux variétés de riz a conduit à des augmentations de rendement de 10 % et 15 %. La longueur et le poids des racines, le poids des pousses et le phosphore disponible après récolte ont augmenté de manière significative avec l’utilisation des préparations.19 Dans une étude publiée par l’Academia Journal of Agricultural Research, l’application de silice de corne a conduit à une augmentation du rendement de 27 %.20 Une étude publiée par le journal Bioresource Technology a montré que l’utilisation des préparations biodynamiques dans des composts a conduit à une activité de déshydrogénase significativement plus élevée.21

Ces quelques résultats démontrent des effets mesurables des préparations biodynamiques. Pourquoi l’article du Monde diplomatique affirme-t-il qu’il n’y a aucun effet scientifiquement mesuré? L’auteur se base pour cela exclusivement sur un article de synthèse de Linda Chalker-Scott22 publié en 2013 dans le journal HortTechnology qui conclut à une absence d’effet significatif clair des préparations biodynamiques, car, selon elle, les effets significatifs mesurés seraient aléatoires. Ainsi, elle ne conteste pas l’existence d’effets mesurables, mais les interprète comme aléatoires. De plus, Jürgen Fritz montre que Linda Chalker-Scott a fait une erreur en comparant la variante « avec fertilisation organique » et la variante « sans fertilisation organique et avec des préparations biodynamiques », tirés des travaux publiés dans le Philippine Journal of Crop Science 23 que nous avons déjà mentionnés. Cette comparaison est incompréhensible et non pertinente, car il faudrait comparer deux variantes avec fertilisation ou deux variantes sans fertilisation pour que seule l’action des préparations soit prise en compte. Par cette comparaison non pertinente, elle conclut à un rendement moindre dans le cas où les préparations sont appliquées. Il existe pourtant, dans les études en question, deux variantes dans lesquelles seule l’application des préparations biodynamiques a varié. En comparant les deux variantes sans fertilisation organique, l’application des préparations biodynamiques a conduit à une augmentation significative du rendement de plus de 30 % pour deux variétés de soja et une augmentation significative du rendement de 10 et 15 % pour deux variétés de riz. Il apparaît donc que l’article de Chalker-Scott ne peut servir de base sérieuse, et encore moins exclusive, concernant la question des recherches scientifiques sur l’effet des préparations biodynamiques.

Auteurs du Manifeste pour une agriculture durable24 Claude et Lydia Bourguignon, microbiologistes des sols et fondateurs du LAMS25, ont réalisé des milliers d’analyses de sols, souvent pour conseiller des agriculteurs. Ils tirent la sonnette d’alarme depuis de nombreuses années au sujet de la dégradation des sols. Ils s’expriment ainsi au sujet de la biodynamie: «[…] nous n’avons pas d’explication mais nous avons constaté une augmentation de l’activité biologique des sols de l’ordre de 25 à 30 %».26 Cette déclaration souligne un problème qui doit être pris au sérieux: la science conventionnelle ne dispose pas encore de modèle théorique qui permette d’expliquer ces résultats. Cela ne peut cependant justifier qu’on les rejette.

Le livre de Bernhard Freyer dont nous avons tiré les études scientifiques devrait paraître bientôt en langue française. Le site du Mouvement d’agriculture biodynamique fournit déjà une traduction du chapitre de Jürgen Fritz 27, ainsi qu’un site internet dédié à la recherche scientifique : Biodynamie-Recherche.

Voiles d’eurythmie, scène du Goetheanum

Résultats positifs en médecine

La médecine anthroposophique est pratiquée exclusivement par des médecins diplômés, régulièrement inscrits à l’ordre des médecins. Elle est notamment reconnue par les autorités publiques en Allemagne et en Suisse. Les médicaments anthroposophiques sont fabriqués selon les règles de bonnes pratiques pharmaceutiques, contrôlés par les autorités et souvent pris en charge par les assurances-maladies. La recherche en médecine anthroposophique est vivante et active, malgré la faiblesse des soutiens publics ou privés. En tant qu’ensemble, la médecine anthroposophique a notamment fait l’objet en 2006 d’une évaluation sur le mode HTA (Health Technology Assessment)28 à la demande des autorités suisses. Une mise à jour recensant les études cliniques récentes a été publiée en 2011 et concluait : «Les essais, de conception et de qualité variés pour une variété de maladies, décrivent principalement de bons résultats cliniques pour la médecine anthroposophique, des effets secondaires seulement marginaux, une satisfaction élevée des patients en termes de résultats et de sécurité et vraisemblablement légèrement moins de coûts.»29

Deux rapports de 2013 30 et 201431 publiés par le journal Gobal Advances in Health and Medicine présentent le système médical intégratif anthroposophique de manière globale et rigoureuse, et lui attribuent un effet globalement positif. D’autres études plus spécifiques montrent par exemple l’efficacité thérapeutique ou la validité de certaines approches de la médecine anthroposophique pour la fièvre32, la polyarthrite rhumatoïde33 et la fatigue liée au cancer.34 Concernant la thérapie du cancer, rappelons que le traitement à base d’extraits de gui spécifique à la médecine anthroposophique35 n’est pas utilisé seul mais en complément des autres thérapies à disposition, dont celles utilisées couramment en médecine conventionnelle (chirurgie, chimiothérapie, etc.): la médecine anthroposophique est une médecine intégrative.

Le Dr. Wilfried Tröger a travaillé sur l’efficacité de la thérapie anthroposophique par le gui sur des patients atteints d’un cancer du pancréas avancé36 et a reçu le prix de la recherche en médecine complémentaire en Allemagne en 2016 pour la qualité méthodologique de son étude. Les résultats de cette étude ont montré que la survie des patients passait de 2,7 mois à 4,8 mois pour les patients ayant reçu le traitement anthroposophique à base de gui (Iscador). L’étude a été publiée dans le European Journal of Cancer 37 et conclut que la thérapie par des extraits de gui «a montré une prolongation significative et cliniquement pertinente de la survie globale. Les résultats de l’étude indiquent une prolongation de la survie globale ainsi qu’une diminution des symptômes liés à la maladie pour les patients atteints de cancer du pancréas localement avancé ou métastatique.»

La recherche en médecine anthroposophique est réalisée par des scientifiques universitaires et en collaboration avec des institutions publiques. Plusieurs hôpitaux ou cliniques pratiquent cette médecine,38 en particulier en Allemagne et en Suisse, et certains disposent de l’ensemble des services classiques: de la station d’urgence à la chirurgie en passant par l’oncologie, etc. Il existe un nombre croissant de chaires universitaires et d’instituts de recherche pour la médecine complémentaire et intégrative. Le site de la section médicale du Goetheanum rassemble la liste des instituts de recherche39  et documente la liste des thèses de doctorat et d’habilitation professorale en médecine anthroposophique.40 

Épistémologie de l’anthroposophie

Il nous semble pertinent de traiter la question de la scientificité de l’anthroposophie sous l’angle de la «pensée complexe» définie par Edgar Morin. Comme pour la pensée complexe, elle «nécessite un changement assez profond de nos structures mentales».41 Nous allons esquisser succinctement certains aspects de l’épistémologie de l’anthroposophie avant de présenter une petite bibliographie.

Goetheanum, cage d’escalier

L’anthroposophie n’est pas une doctrine, mais une méthode. Cette méthode reconnaît la valeur des sciences académiques, mais considère qu’elles peuvent être complétées par une science de l’esprit, basée sur une phénoménologie rigoureuse, permettant de comprendre l’humain et sa vie spirituelle dans leurs différentes dimensions. Sur cette base, l’anthroposophie ne se limite pas à ce que les sens perçoivent, mais à tout ce que l’esprit humain peut appréhender : la conscience, la pensée, les idées, les images, les sentiments, les expériences de perception sensorielle et de proprioception etc. Toute expérience de l’esprit humain peut constituer un objet de connaissance dans la mesure où elle est appréhendée de manière adaptée. Dans l’anthroposophie, les mots « ésotérique » ou « occulte » ne sont pas utilisés dans un sens obscurantiste, mais au contraire pour éclairer une dimension intérieure, une profondeur des choses, qui est, en fait, la forme d’apparition de l’altérité au sein du réel. La prise en compte de cette altérité implique aussi pour l’anthroposophie que le sujet connaissant s’appréhende lui-même comme une altérité, c’est à dire prenne distance vis-à-vis de lui-même, et entame un processus de connaissance de soi, un développement intérieur dont le point d’appui fondamental est une activité, une pratique méditative qui doit être développée pour parvenir à une pensée contemplative. Sans cette dernière, aucune anthroposophie n’est possible. Dans sa méthodologie, l’objectivité n’est pas obtenue par la suppression du sujet observant, mais au contraire par la saisie active du sujet observant. L’anthroposophie se fonde donc sur un entraînement méthodique de la conscience. Elle propose d’élargir le cadre du matérialisme scientifique qui domine encore aujourd’hui bien qu’il ait été profondément remis en question au cours du 20e siècle, tant en philosophie qu’en science (physique quantique, neurosciences…). N’est-il pas naïf de croire que l’on pourra surmonter les grandes crises contemporaines par de petits ajustements ou des mesures politiques sans faire évoluer la qualité de conscience qui relie l’homme au monde, c’est-à-dire sa manière de connaître le monde ?

Steiner ne reconnaît pas seulement à l’esprit humain la faculté de porter des jugements analytiques qui procèdent par découpage du réel en des parties toujours plus petites, comme le font habituellement les sciences, mais aussi la faculté de porter des jugements synthétiques, c’est-à-dire de regrouper des éléments fragmentés du réel en des unités supérieures, jusqu’à l’unité globale du monde des idées. Il veut donner à cette faculté synthétique de l’esprit humain une base empirique, developper une méthode expérimentale pour l’esprit. Goethe parlait d’une expérience « sensible-suprasensible » lors de sa découverte de la « plante primordiale ». La mise en œuvre de cette faculté synthétique de l’esprit humain permet de qualifier l’anhroposophie de pensée « holistique ». Elle intègre implicitement le concept philosophique d’«émergence» et peut être aussi définie comme un « émergentisme » qui considère que « le tout est plus que la somme de ses parties ». C’est ainsi par exemple que le concept d’organisme, unité englobant l’ensemble des organes d’une réalité vivante, est considéré comme une réalité « sensible-suprasensible », à la fois visible dans ses effets et non visible en tant qu’unité transcendante. Il en va de même lorsqu’il est question de la réalité humaine qui fonde un « humanisme ». L’humain est visible à travers la diversité des êtres humains, mais l’humain en général est une réalité transcendante, présente en tout être humain de manière différente et pourtant semblable. Tout humanisme se fonde, plus ou moins consciemment, sur cette réalité d’ordre spirituel-sensible encore peu connue : la nature humaine. Ce qui est habituellement saisi comme un concept abstrait acquiert, par l’anthroposophie, le statut de réalité observable et d’objet de connaissance. L’anthroposophie peut ainsi être qualifiée de «réalisme spirituel».

Pour documenter ce sujet, rappelons d’abord qu’en développant l’anthroposophie, Rudolf Steiner a méthodiquement décrit les bases épistémologiques sur lesquelles elle se fonde, principalement dans Une Théorie de la connaissance chez Goethe (1886)42, dans sa thèse de doctorat Vérité et Science (1892)43 et dans son principal ouvrage philosophique La Philosophie de la liberté (1894)44. Steiner s’appuie non seulement sur Fichte, mais aussi sur Goethe, Schiller et s’inscrit dans la riche tradition idéaliste allemande qui imprègne ses premiers ouvrages. L’article du Monde diplomatique ne prend pas la peine d’évoquer les principes décrits dans ces ouvrages, ni aucune des autres parutions sur le sujet. Pourtant, des dizaines de livres sont parus et diverses thèses de doctorats ont été soutenues.

On peut citer quelques livres rédigés par des scientifiques, comme par exemple celui de Pierre Feschotte, qui fut professeur et doyen de la Faculté des sciences de l’Université de Lausanne et qui a publié en 1990 Les Mirages de la science, où il traite de l’élargissement de science et de l’anthroposophie.45 Le chercheur en physique et en philosophie des sciences Henri Bortoft a travaillé précisément sur ces questions en lien avec la démarche scientifique de Goethe. Deux de ses ouvrages ont été traduits en français : La Démarche scientifique de Goethe46 en 2001 et Prenons l’apparence au sérieux: La Dynamique du «voir» chez Goethe et dans la pensée européenne 47 en 2014. L’astrophysicien Michael Friedjung, qui fut directeur de recherche au CNRS, a publié ses recherches concernant l’élargissement de la science et l’anthroposophie dans son livre Putting Soul into Science paru en 2003.48 Le professeur en physique Arthur Zajonc (Amherst College, États-Unis) publiait en 1998 Goethe’s Way of Science 49 et deux de ses ouvrages ont été traduits en français : La Méditation, une Recherche contemplative 50 en 2012 et Saisir la lumière: Histoire entrelacée de la lumière et de l’esprit humain 51 en 2017. En 2016, le professeur et docteur Peter Heusser a publié en allemand un livre de synthèse intitulé: Anthroposophie et science : une introduction. Epistémologie, physique, chimie, génétique, biologie, neurobiologie, psychologie, philosophie de l’esprit, anthropologie, médecine 52 dont il existe aussi une version anglaise. 53 Ce livre présente une introduction aux bases scientifiques de l’anthroposophie et de la médecine anthroposophique dans le cadre des sciences académiques. Peter Heusser est titulaire de la chaire universitaire Gerhard Kienle de « Théorie médicale et médecine intégrative et anthroposophique » à l’Université de Witten/Herdecke (Allemagne) et directeur de l’Institut de médecine intégrative de cette même université.

Goetheanum, façade nord-ouest

Concernant la scientificité de l’anthroposophie en tant que science appliquée, Jean Foyer, sociologue et chargé de recherche CNRS au CREDA, a publié dans la Revue d’anthropologie des connaissances une étude auprès de viticulteurs en biodynamie intitulée «Syncrétisme des savoirs dans la viticulture biodynamique, Incorporation dans l’expérience et le sensible et trajectoire initiatique»54. Il y décrit les procédés d’acquisition et d’utilisation des savoirs, ainsi que les différentes natures de savoir mis en œuvre par des praticiens de la biodynamie.

La pédagogie Steiner-Waldorf, que nous n’avons pas abordée ici, a aussi fait l’objet de nombreux travaux. Citons pour la France l’étude réalisée récemment par Loïc Chalmel, professeur d’histoire des idées pédagogiques à l’Université de Haute-Alsace à Mulhouse et directeur du laboratoire LISEC Alsace-Lorraine, publiée dans la Revue germanique internationale et intitulée : «Rudolf Steiner: De La Philosophie de la liberté à une pédagogie de l’autonomie». 55 En 2017, Loïc Chalmel a également publié une édition de La Philosophie de la liberté de Rudolf Steiner, agrémentée d’une introduction sur la pédagogie, aux Éditions Fabert. 56

En Allemagne, une édition critique des œuvres de Rudolf Steiner, largement annotée, contextualisée et commentée par des universitaires, est actuellement réalisée sous la direction du Pr. Christian Clement aux éditions scientifiques Frommann-Holzboog.57 Cinq volumes sont déjà parus : Écrits philosophiques Écrits sur la mystique, les mystères et l’histoire des religions Écrits sur l’anthroposophie Écrits sur la formation à la connaissance Écrits sur l’anthropogenèse et la cosmogonie.

Pour conclure, rappelons ces propos de Jean-Marie Pelt, qui fut président de l’Institut européen d’écologie et professeur à l’Université de Metz : « L’anthroposophie s’inscrit dans ce courant de pensée remontant à Goethe et qui est un courant de pensée holistique qui envisage les choses dans leur totalité et non en les segmentant. Il n’a pas d’équivalent en France. Dans ce courant, on a un rapport très fort avec la nature. L’Évangile dit: “on juge l’arbre à ses fruits”. Pour moi, les fruits sont indéniables, parmi lesquels la médecine d’orientation anthroposophique (à laquelle j’ai eu recours plusieurs fois avec des résultats positifs) et l’agriculture biodynamique, qui est en quelque sorte un échelon au-dessus de l’agriculture biologique et qui donne des produits de grande qualité. Il est certain que la vision spirituelle arrache à un matérialisme trop étroit, étouffant, caractérisé par la recherche du superflu, par le gaspillage des ressources de la terre. Dès lors qu’un courant spirituel n’est pas sectaire – et l’anthroposophie ne l’est pas du tout car elle donne une grande place au libre arbitre – ce courant spirituel est recevable. » 58

Ouverture au débat

L’anthroposophie fait débat et c’est normal. Cela est sain. Cependant, elle ne correspond pas à la caricature dressée par l’article du Monde diplomatique. Les personnes inspirées par l’anthroposophie travaillent ouvertement avec des institutions scientifiques et publiques, et leurs projets sont transparents. Certaines applications pratiques ont largement fait leurs preuves. L’anthroposophie propose des réflexions et des alternatives qui touchent à des problèmes de plus en plus aigus de notre civilisation, il serait bon que les débats soient menés dans un esprit de controverse digne d’une culture ouverte. La référence à une science toute-puissante, comme on se référait autrefois au dogme de l’Église, comme s’il s’agissait d’un monolithe sans évolutions ni débats, reflète plutôt un esprit inquisiteur qu’un esprit critique et ouvert. L’anthroposophie propose justement une phénoménologie ouverte. Contrairement à certains préjugés, l’anthroposophie est ontologiquement non dogmatique : elle est tout à fait ouverte à la critique et à la controverse. Elle mérite un débat qui soit à sa hauteur.


Illustrations: Louis Defèche, Xue Li, Sofia Lismont


Notes de l'article

  1. Jean-Baptiste Malet, « L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme », Le Monde diplomatique, juillet 2018.
  2. Jean-Baptiste Malet, « Le système Pierre Rabhi », Le Monde diplomatique, août 2018
  3. Rudolf Steiner, La Philosophie de la liberté, Éditions Fabert, 2017. Édition présentée par Loïc Chalmel.
  4. Voir: Max Stirner, L’Unique et sa Propriété, La Table Ronde, 2000. 
  5. Adolf Hitler, « Staatsmänner oder Nationalverbrecher », Der Völkischer Beobachter, 15 mars 1921. 
  6. « Nach der geschichtlichen Entwicklung der Anthroposophischen Gesellschaft ist diese international eingestellt und unterhält auch heute noch enge Beziehungen zu ausländischen Freimaurern, Juden und Pazifisten. Die auf der Pädagogik des Gründers Steiner aufgebauten und in den heute noch bestehenden anthroposophischen Schulen angewandten Unterrichtsmethoden verfolgen eine individualistische, nach dem Einzelmenschen ausgerichtete Erziehung, die nichts mit den nationalsozialistischen Erziehungsgrundsätzen gemein hat. Infolge der Gegensätze zwischen den Anschauungen der Anthroposophischen Gesellschaft und den vom Nationalsozialismus vertretenen völkischen Gedanken bestand die Gefahr, daß durch eine weitere Tätigkeit der Anthroposophischen Gesellschaft die Belange des nationalsozialistischen Staates geschädigt werden. Die Organisation ist daher wegen ihres staatsfeindlichen und staatsgefährdenden Charakters aufzulösen. »,Décret de Reinhard Heydrichs, Preußische Geheime Staatspolizei, Berlin, 1ernovembre 1935, StAM LR 17 134354, BAD Z/B 1 904, BAK R 43 II/822, cité par Walter Kugler dans Feindbild Steiner, 2001. 
  7. Anna Samweber, Aus meinem Leben, 1981, p. 44 
  8. Herbert Hahn, Rudolf Steiner – Wie ich ihn sah und erlebte, J. Ch. Mellinger, 1990 
  9. Rudolf Steiner, GA 177, édition française : La Chute des esprits des ténèbres, Triades, 1995, pp. 174-175. 
  10. Ted A. van Baarda (Hg.), « Anthroposophie und die Rassismus-Vorwürfe, Der Bericht der Niederländischen Untersuchungskommission », Anthroposophie und die Frage der Rassen, Info 3 Verlag, 1998. Une synthèse en français de ce rapport est consultable ici: https://aether.news/sinformer/2019/1/10/rudolf-steiner-un-opposant-lantismitisme-et-au-nationalisme
  11. Entretien avec Walter Kugler, le 14 octobre 2011, organisé par le Vitra Design Museumà l’occasion de l’expostion « Rudolf Steiner, l’alchimie du quotidien ». 
  12. Rudolf Steiner, Le Cours aux agriculteurs, Huit conférences, une allocution, quatre réponses aux questions, faites à Koberwitz près de Breslau du 7 au 16 juin 1924 et une conférence à Dornach, le 20 juin 1924, Éditions Novalis, 2003. 
  13. Bernhard Freyer, Ökologischer Landbau, Grundlagen, Wissensstand und Herausforderungen, Haupt Verlag, 2016. 
  14. Mäder P., Fliessbach A., Dubois D., Gunst L., Fried P., Niggli U., « Soil Fertility and Biodiversity in Organic Farming », Science, 296 (5573), pp. 1694-1697, 2002. 
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  25. Laboratoire d’Analyses Microbiologiques des Sols (cliquer pour accéder au site) 
  26. Cités dans l’article « Claude et Lydia Bourguignon », paru sur le site internet de Guillaume Bodin, dahu.bio
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  35. Distribué dans d’autres pays sous différentes formes et appellations : Abnobaviscum®, Helixor®, Iscador®, Iscucin® et Lektinol®, mais non autorisé en France.
  36. Tröger W., Galun D., Reif M., Schumann A., Stanković N., Milićević M., « Viscum Album [L.] Extract Therapy in Patients With Locally Advanced or Metastatic Pancreatic Cancer: A Randomised Clinical Trial on Overall Survival », Eur J Cancer, 49 (18), 3788-97, DOI : 10.1016/j.ejca.2013.06.043, décembre 2013. Epub 24 juillet 2013. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23890767
  37. https://www.ejcancer.com/article/S0959-8049(13)00550-9/fulltext
  38. https://anthro-kliniken.de/deutschland.html
  39. https://medsektion-goetheanum.org/forschung/research-institutions 
  40. Ces informations essentielles ont été omises dans l’article du Monde diplomatique. – Ajout juillet 2021 : il existe aujourd’hui le site internet anthromedic qui recense les études réalisées chaque années 
  41. Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, Points essai, 2014, p. 116
  42. Rudolf Steiner, Une Théorie de la connaissance chez Goethe, Éditions Anthroposophiques Romandes, 1990. 
  43. Rudolf Steiner, Vérité et Science, Éditions Anthroposophiques Romandes, 1990.
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  45. Pierre Feschotte, Les Mirages de la science, Les Trois Arches, 1990. 
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  49. David Seamon (editor), Arthur Zajonc (editor), Goethe’s Way of Science: A Phenomenology of Nature, State University of New York Press, 1998.
  50. Arthur Zajonc, La Méditation, une Recherche contemplative, Triades, 2012. Édition originale en anglais : Meditation as Contemplative Inquiry: When Knowing Becomes Love, Lindisfarne Book, 2008.
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  53. Peter Heusser, Anthroposophy and Science: An Introduction, Peter Lang GmbH, Internationaler Verlag der Wissenschaften, 2016.
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