Le titre de la journée thématique « Greening the Desert » semble très prometteur. Est-il vraiment possible que les déserts redeviennent des terres fertiles, ou comment faut-il comprendre ce titre ?

Ueli Hurter Je dirais clairement : oui, c’est possible. Nous en avons des exemples très concrets. Le plus important et le plus connu est Sekem, l’initiative anthroposophique en Égypte, dont les représentants, Helmy Abouleish et Buthaina Elhoseiny, étaient présents à la journée. Au début, il n’y avait en effet rien d’autre que du désert, du sable, de la chaleur, aucune vie. Et aujourd’hui, après bientôt cinq décennies, nous voyons une terre fertile. Et pas seulement d’un point de vue écologique et agricole – c’est-à-dire que des plantes y poussent –, mais aussi d’un point de vue social et culturel au sens large. En 1977, le fondateur, Ibrahim Abouleish, a eu une vision : transformer le désert en un lieu de vie. Il n’a pas concrétisé cette vision seul, mais avec de nombreuses personnes qui se sont engagées dans cette voie. Aujourd’hui, on vit là-bas une expérience incroyable : on y voit des arbres, des plantes, des animaux, des gens, des écoles, une clinique, des entreprises alimentaires, textiles et pharmaceutiques. La vie y est beaucoup plus dense, beaucoup plus riche, beaucoup plus colorée qu’on ne l’aurait imaginé. Une force particulière émane de cette transformation. On pourrait même dire que parvenir à créer un lieu où la vie s’épanouit dans un environnement aussi hostile que le désert constitue une réussite culturelle, sans doute encore plus forte que ce que nous connaissons en Europe centrale.

Tu ne parles donc pas seulement d’agriculture au sens strict, mais d’un lieu de vie dans son ensemble ?

UH Exactement. Quand on est à Sekem, on sent qu’il ne s’agit pas seulement de champs et de récoltes. Il s’agit de permettre aux gens de vivre ensemble, d’éduquer les enfants, de donner une place à l’art, à la musique et à la spiritualité. L’agriculture biodynamique est la base, mais elle donne naissance à bien davantage. C’est l’esprit qui anime « Greening the Desert ».

Hazoua est également un exemple très intéressant. C’est en Tunisie, juste à la frontière algérienne, à la lisière du Sahara. Quand on s’y rend, on découvre un désert absolu : des pierres, des rochers, de la poussière, pas d’eau. Mais Hazoua est une oasis. Le principal produit est la datte, fruit de ces grands palmiers typiques des oasis. À l’initiative d’un Suisse, on a commencé, il y a quelques années, à cultiver les palmiers selon les principes biodynamiques. Aujourd’hui, les dattes Demeter sont transformées et exportées jusqu’en Suisse. Ce qui est passionnant, c’est qu’il ne s’agit pas d’un projet artificiel, mais d’un projet porté par la communauté. Sadok Saidi a contribué de manière décisive à son développement. Son fils, Salah Saidi, a présenté le projet biodynamique de l’oasis de Hazoua au Goetheanum.

Jurriaan Cooiman. Photo : Samuel Leon Knaus

Quel est ton rapport avec le désert et le titre « Greening the Desert », Jurriaan ?

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