La crise liée au coronavirus révèle l’acuité des controverses médicales chez les scientifiques. Harald Hamre, médecin et chercheur à Fribourg (Allemagne) fait le point sur la recherche scientifique sur l’homéopathie dans cet échange avec Louis Defèche.


Quelle place occupe l’homéopathie dans le débat scientifique ?

Une question centrale dans le débat est de savoir si les substances dynamisées selon les procédés de haute dilution sont efficaces. On peut examiner cela en laboratoire. Dans de nombreuses expériences, l’action qu’exercent des substances ainsi dynamisées sur les systèmes biologiques a été établie grâce à différents tests et confirmée dans la moitié (voire jusqu’au deux tiers) des expériences répliquées 12. L’homéopathie peut donc avoir une action dans des conditions de laboratoire.

Pour tester l’efficacité des médicaments homéopathiques chez l’être humain, la procédure en vigueur est la plus conservatrice et la plus stricte : elle consiste à établir des comparaisons avec des placebos dans des études randomisées en double aveugle.

Dans de nombreuses études de ce type et dans les méta-analyses correspondantes, l’homéopathie a été efficace3. Dans le système de tests de l’étude clinique en double aveugle, l’homéopathie peut donc également avoir un effet.

Elle peut cependant aussi avoir des effets secondaires4 et ne devrait pas être utilisée comme unique thérapeutique lorsque d’autres thérapies sont nécessaires. Des études comparatives ont toutefois montré que les effets secondaires ou les complications n’étaient pas plus fréquents en cas de recours à l’homéopathie que sous thérapie conventionnelle ou placebo, mais tout aussi fréquents5678910111213, voire moins fréquents1415.

À mon avis, le point qui fait polémique n’est pas la preuve empirique de l’efficacité, mais l’explicabilité de l’effet, en particulier pour les dilutions homéopathiques hautes. En biomédecine, on pense souvent que les dilutions homéopathiques hautes ne sont pas efficaces parce qu’elles ne contiennent plus de molécules des substances potentialisées, une fois passé par exemple le seuil de D23 ou C1216. Cette opinion se fonde sur l’idée que les médicaments aux effets positifs supérieurs aux effets du placebo ne peuvent être obtenus que par des principes actifs présents dans des concentrations mesurables. De nombreux médicaments anthroposophiques sont aussi produits selon des méthodes homéopathiques, certains d’entre eux dans des hautes dilutions.

Si donc des hautes dilutions homéopathiques peuvent réellement avoir un effet selon les études empiriques, que faut-il penser du modèle de pensée conventionnel ? Helmut Kiene s’apprête à publier une communication sur cette question.

Pourtant, on parle de méta-analyses qui contestent l’efficacité de l’homéopathie ?

Dans l’ensemble, les méta-analyses tendent plutôt à montrer que l’homéopathie est efficace. Helmut Kiene et moi-même n’avons pu confirmer l’affirmation selon laquelle des études d’envergure prouveraient un manque d’efficacité de l’homéopathie par rapport aux placebos. Jusqu’à maintenant, nous n’avons présenté nos résultats que sous une forme abrégée17. Une publication scientifique détaillée est à venir.

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